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It's not enough to have private life - Judith Butler


Ce weekend, c'était le Christopher Street Day à Berlin. C'est un peu la plus pride des Gay Pride européennes : non seulement la plus visitée (500 000 personnes cette année), en plus elle se déroule dans la ville où le brouillage des genres sexuels, l'attitude queer, est presque devenu la norme. Du coup, au fil des ans et de l'apparition de nouveaux marchés, la Gay Pride de Berlin est devenue davantage une attraction touristique, sponsorisée à outrance, que l'expression des revendications de la communauté GayLesbienBiTranssexuel. Juste pour l'anecdote, le graphisme de l'évènement -un festival d'une semaine se terminant en apogée par la grande parade- arborait le même design que celui du Festival International du Film de Berlin (comme la reproduction de leur logo est interdite, j'ai préféré publier l'image ci-dessous, au copyright évident, pour voir l'affiche, cliquez ici), et la manifestation a été programmée en fonction du Mondial de Foot.

Encore une manifestation politique et sociale récupérée par la pub et le marketting, où on oublie presque les raisons d'en être. Dommage.

Pourtant cette année, la Gay Pride a dépassé son caractère commercial de parade techno fantasque pour initier un débat plus ample que celui, non moins valable, de la discrimination envers la communauté GLBT. Parlons- en de la discrimination, tiens. Devant des centaines de milliers de berlinois et d'autres, Judith Butler dénonce l'islamophobie, dont souffrent des millions de gays et lesbiennes musulmans dans le monde, victimes d'une double discrimination à cause de leurs identités sexuelle et religieuse.

A l'origine du véritable évènement de ce weekend, donc : la philosophe Judith Butler, ponte de la théorie des genres et de leur déconstruction.

Pour sa contribution au combat contre l'homophobie, Judith Butler devait recevoir le prix du Courage Civil décerné chaque année par les organisateurs de la Gay Pride. Mais surprise : lors de la cérémonie médiatique clotûrant la manifestation, la Butler refuse le prix (cliquez pour ouvrir la video Youtube, pour ceux qui parlent allemand). Elle trouve inconcevable de l'accepter dans les circonstances actuelles où la cause homosexuelle est instrumentalisée par des mouvements racistes et islamophobes. Devant une foule nombreuse, déguisée, et sûrement saoule, elle balance son regret que le mouvement GLBT ne s'indigne pas que l'homophobie soit trop souvent associée à l'Islam, par ceux qui veulent la guerre en Irak, en Afghanistan.

'I must distance myself from complicity with racism, including anti-Muslim racism'

Elle rappelle la nécessité de la convergence des luttes. La lutte d'une minorité est la lutte de toutes les minorités. Personne ne sera libéré tant que tous ne sont pas libérés, dit-elle. Le communautarisme dont sont taxés les musulmans n'est pas plus différent que celui dont étaient-sont accusés les gays, lesbiennes, trans- et bi-sexuels. Etre queer, ce n'est pas créer une nouvelle identité, mais choisir de s'allier. Etre queer s'est adopter une attitude subversive face à l'opression, face au racisme d'Etat, face au capitalisme destructif.

Elle termine en citant des associations locales de soutien aux turc-ques homosexuel-les(Gladt), aux immigrées lesbiennes(LesMigras), de lutte contre le racisme anti-musulman, de lutte contre la violence, de lutte contre les discriminations multiples, le sexisme, l'homophobie, l'islamophobie(ReachOut). Elle souhaite que ce soit eux qui reçoivent le prix et invite le public à se rendre à l'autre gay pride, "moins commerciale, moins superficielle", la Transgeniale, organisée par ces mêmes associations samedi prochain, à Berlin, malgré la coupe du monde.

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